Au temps jadis, entendez par là avant la Révolution, la gestion des cimetières était dévolue au seul clergé. L’église était notamment un lieu primordial des villes et villages et les cimetières étaient intégrés à cet enclos paroissial. Ceux qui passaient de vie à trépas, sauf si l’on était riche et puissant, étaient enterrés dans les fosses communes, sans cercueil obligatoire, sans marque distincte.
De par la configuration, on ne déplaçait pas au cimetière. Pour honorer les défunts, on se rendait à l’église où des « messes » étaient dites. Autant dire que cela ne concernait qu’une certaine frange de la population, de condition non modeste, puisqu’il fallait donner une obole.
Au fil des décennies et au vu de l’augmentation démographique du XVIII° siècle, les fosses grandissaient, entraînant des problèmes de salubrité d’hygiène.
Un premier arrêt de règlement, datant du 21 mai 1765, décréta que les cimetières étaient interdits en ville et devaient être déplacés en périphérie. Celui-ci ne fut pratiquement suivi d’aucune action, le clergé ne possédant à priori pas l’argent nécessaire, ni à dire vrai la volonté de s’y soustraire.
Les plaintes des riverains se multipliaient et des incidents, souvent nauséabonds, surgissaient. Jusque notamment l’effondrement du charnier de la fosse commune du cimetière des Innocents dans les caves voisines des riverains, survenu le 7 mai 1780. Souvenir tragique et fortement déplaisant !
Les Parisiens prirent conscience du problème et un nouvel arrêt survint le 4 septembre 1780, interdisant toute nouvelle inhumation dans ce cimetière.
Lors de la Révolution il fut décider de confier aux pouvoirs communaux la gestion des cimetières, et que ceux-ci soient déplacer hors des villes.
C’est Napoléon qui prit véritablement les décisions qui s’imposaient. Et c’est le décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) qui décida des lieus de création, à l’extérieur des villes, et de la nouvelle réglementation des cimetières.
Mais les habitudes sont tenaces, et cela ne s’est pas effectué en un jour.
C’est ainsi que sont créées les sépultures individuelles… et que l’art funéraire est né.
L’individualisation de chaque monument
Désormais, on vient au cimetière pour honorer nos morts, à un endroit précis, avec tombe, plaque et inscriptions. Une sorte de pélerinage, notamment à la Toussaint, et de devoir de mémoire.
Mais de nouvelles habitudes apparaissent; De nos jours, la multiplication des crémations, la dispersion des cendres ou la dépersonnalisation des sépultures entraîne une certaine raréfaction des visites…